Venus en train depuis Paris, nous posons nos valises au Sofitel Legend The Grand, situé à 10 minutes de marche de la gare d’Amsterdam-Centraal.
Le bâtiment situé entre deux canaux paisibles impressionne par son envergure et son architecture classique. Celles-ci témoignent des riches heures de son histoire, puisqu’il abrita un couvent au XVe siècle avant de devenir un logis royal, puis le quartier général de l’Amirauté et enfin l’hôtel de ville d’Amsterdam. Le lobby avec sa nuée de papillons d’argent est l’image même de l’harmonie entre tradition et modernité qui nous frappe à chaque coin de rue.
Nous gagnons la place du Dam, point névralgique de la ville, située à deux pas, et de là partons à la découverte des rues pittoresques du centre historique. Les façades de brique sage ornées de stucs et les nombreuses fenêtres sans rideaux invitent à imaginer la vie d’autrefois en observant celle d’aujourd’hui.
Le hasard de notre promenade nous conduit à entrer dans une jolie boutique, ViaDelleRose. Venise ou Amsterdam ? Je me laisse charmer par cette marque italienne aux coupes et aux imprimés d’une grande originalité. Nous restons sur une inspiration transalpine en allant dîner au Dante Kitchen & Bar, à l’animation joyeusement cosmopolite.
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La proximité de la gare facilite une échappée hors de la capitale. Notre curiosité et notre envie de sortir des sentiers battus nous conduisent à Hoorn, ville portuaire longtemps en concurrence avec Amsterdam, depuis laquelle on peut embarquer dans un train à vapeur pour admirer les champs de tulipes. Ils s’étendent à perte de vue sous nos yeux ébahis, tels des tapis aux couleurs vibrantes et au graphisme stupéfiant.
Nous admirons au passage les habitations soignées des villages blottis dans la plaine. Le paysage se déroule à paisible allure comme si nous circulions dans une peinture flamande. Nous guettons un détail qui évoquerait une scène villageoise d’un tableau de Brueghel, nous pensons immanquablement à la passion des fleurs de Van Gogh…
Le retour à Amsterdam nous tire de notre rêverie impressionniste. L’animation du soir, avec son défilé de cyclistes et de flâneurs, est agréable. Nous renouvelons l’expérience cosmopolite de la veille, en allant dîner au Vatten Ramen. La salle est exiguë mais la cuisine fait prendre le large, avec des grands bols de bouillon savoureux. L’enchantement des épices et le feu du piment évoquent l’âge d’or du commerce maritime grâce auquel les marchands d’Amsterdam prospèrent. On songe à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui fit de ce port à l’embouchure de l’Amstel une porte vers l’Asie. Nous terminons la soirée au Super Lyan, le bar à cocktails de l’hôtel Kimpton De Witt, aux boiseries bleu nuit zébrées de néon rose. Les noctambules naviguent allègrement d’un rade à l’autre… Il est l’heure pour nous de jeter l’ancre, pour mieux repartir en exploration.
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Nous levons l’ancre pour cette troisième journée qui commence sur l’eau, sous le soleil, exactement. Après une nuit reposante au Kimpton De Witt, nous embarquons à bord d’un de ces bateaux à fond plat confortablement aménagés qui sillonnent le centre historique et se mêlent au trafic des péniches et autres embarcations usuelles. Inutile de rester vigilant pour éviter les vélos qui sont les rois des pavés, nous nous laissons porter par le courant, nous en remettons au capitaine et donnons libre cours à notre regard.
Depuis les canaux, la ville s’offre sous un angle différent. Les monuments sont encore plus majestueux en contre-plongée. Les façades de brique apparaissent à la fois uniformes et singulières et les échoppes à leur pied se déroulent comme un panorama joyeusement animé.
Nous passons sous les ponts comme à travers le chas d’une aiguille, tandis qu’au-dessus les passants vont et viennent, enjambant les canaux de pont en pont. La silhouette tantôt arquée tantôt plate de ces structures suspendues ajoute encore un élément architectural à cette ville dessinée par le réseau de ses canaux.
Nous remarquons au passage le célèbre Magere Brug ou pont à double levis qui semble sorti d’une toile de Van Gogh. C’est à ce génie incompris de son temps que nous consacrons notre après-midi. Une visite privée du Van Gogh Museum nous permet de plonger dans sa vie à travers le récit captivant que nous livre notre guide, de salle en salle. Face aux Tournesols et à la chambre de l’artiste, l’éblouissement est total.
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Pour clore en beauté notre séjour, nous passons notre dernière nuit au TwentySeven, petit boutique hôtel intimiste qui est véritable une expérience en soi.
L’entrée est discrète au rez-de-chaussée d’un bâtiment emblématique du début du XXe siècle qui abrite un club privé ultra sélect. Le lobby avec ses allures de crypte byzantine est une belle entrée en matière, l’hôtel occupe les étages supérieurs, avec des vues merveilleusement cinématographiques. Amateurs de minimalisme, s’abstenir ! Place ici à l’opulence, à la somptuosité d’un décor néo-baroque dans lequel officie un majordome anglophone, au français néanmoins impeccable. Les chambres sont de véritables bijoux intimistes, plongés dans un silence ouaté et une lumière mordorée. Tout est pensé jusque dans le moindre détail, et la domotique exécute nos désirs.
On pourrait être ici dans un film rétro-futuriste, prêts à rejouer le bal des vampires sur la place du Dam ou à regarder filer les étoiles au-dessus des toits d’Amsterdam… Le charme opère, la nuit sera constellée de songes noir luisant et or étincelant.
■ Mélinda M.