Accompagnée de ma maman, je quitte la grisaille parisienne pour la Grande Bleue.
Au XIXe siècle, quelques privilégiés venus de toute l’Europe, suivis par une poignée d’artistes, bâtirent sur ces rives de la Méditerranée un véritable Éden. Ils firent édifier des palaces et des villas agrémentées des jardins, qui attestent encore de l’âge d’or de la Riviera qui connut son apogée à la Belle Époque.
Surnommé la Grande Dame de la Croisette, le Carlton a rouvert ses portes au printemps 2023 après deux années de travaux. Ce chantier de rénovation fut le plus ambitieux depuis l’inauguration de l’établissement en 1913.
Cet hôtel aux allures de palais était le fruit d’une histoire d’amour interdite entre le Grand-Duc Michel de Russie, petit-fils du Tsar, et Sophie de Meremberg, petite-fille de l’écrivain Pouchkine qui était de rang inférieur. Le Grand Duc s’établit à Cannes pour fuir les brumes et les contraintes de la cour impériale. Ainsi vécut-il librement, même s’il fut banni de Russie et forcé de renoncer à son titre.
Le palace, largement ouvert sur la baie et les îles de Lérins au large, et agrémenté d’un jardin côté terre, a reconquis ses lettres de noblesse. Les intérieurs décorés par Tristan Auer ont conservé leur esprit Belle Époque tout en acquérant une touche de modernité, avec une palette lumineuse de tons beige et dorés. Le lobby a retrouvé la blancheur de ses colonnes de marbre, qui avaient été recouvertes par huit couches de peinture.
Notre chambre Premium Vue Mer est d’une élégance épurée. Le soleil scintille sur la mer étale comme sur un miroir et rehausse toutes les surfaces, boiseries, textiles, moquette, d’un merveilleux éclat. Nous sommes enchantées par ce bain de lumière. Ravie de cette première halte qui sonne d’une note d’or le diapason de notre voyage, ma maman a élu le Carlton Cannes comme son hôtel préféré sur la Riviera. Conquise par son personnel attentionné et son luxe à la française, elle viendrait volontiers y passer ses hivers…
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Nous quittons ce paradis cannois pour rejoindre Nice et les anges de la baie.
Nous descendons à l’Anantara Plaza Nice, dernier né des cinq étoiles niçois, situé en retrait de la mer, face aux palmiers du Jardin Albert 1er. A quelques pas de la Promenade des Anglais, il est tourné côté ville vers les façades colorées et les toits du Vieux-Nice dont le marché aux fleurs égaie les matinées. L’édifice, construit en 1848 dans un style néo-classique opulent, abritait à l’origine le prestigieux Hôtel de France qui accueillit l’aristocratie, les grands artistes et hommes politiques de la Belle Époque.
Presque deux siècles plus tard, l’hôtel vient de renaître suite non pas à une rénovation, mais à une création complète. Seule sa longue façade ouvragée a été préservée. Les volumes ont été repensés, et les derniers étages aménagés afin d’optimiser la vue et de privilégier le plein air. Le rooftop se déploie sur toute la surface de l’édifice et ses usages s’échelonnent du lever au coucher du soleil. C’est là que le petit-déjeuner est servi, là encore que l’on vient déjeuner ou dîner en terrasse, et que le soir venu place est faite à la mixologie et aux DJ sets. On est ici dans un lieu à la mode, qui reste chic tout en séduisant une clientèle rajeunie.
Nous sommes contentes de nous fondre dans le décor d’un lieu hype, mais apprécions le raffinement feutré de notre chambre qui est un véritable havre de paix. Aucune nuisance sonore, la vue est tout simplement splendide, le calme olympien. Selon l’heure du jour, nous apprécions de nous sentir proches de la joyeuse animation qu’offre la capitale de la Côte d’Azur ou suspendues face à l’immensité calme de la Méditerranée. J’ai particulièrement aimé la décoration qui associe lignes sobres et design sophistiqué : marbres, boiseries et dorures se fondent dans une lumière tamisée.
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Notre trilogie du luxe made in Riviera s’achève en beauté sur le Rocher.
Nous sommes accueillies à l’Hôtel Métropole Monte Carlo, situé dans le Carré d’Or de la Principauté. Il est voisin du mythique casino dessiné par Charles Garnier, architecte de l’opéra de Paris, dont les dômes et les clochetons forment une ligne baroque qui contraste avec la linéarité de l’horizon.
Le Métropole est une adresse hors du temps dont l’élégance tient, au-delà du décor signé Jacques Garcia, à la qualité du personnel et de certaines prestations. Mention spéciale pour le spa Metropole by Givenchy, qui est somptueux. Il met à l’honneur les codes du style et les produits phare de la marque, qui unifient un luxueux ensemble comprenant sauna, hammam, salle de relaxation et une superbe piscine à l’eau de mer chauffée. Couverte l’hiver, en plein air l’été, elle dispose d’un lounge bar et d’un restaurant terrasse dessinés par Karl Lagerfeld. Fidèles au noir et blanc qui était la signature du couturier, le mobilier aux lignes graphiques dialogue avec la fresque sur panneaux de verre qui évoque les décors des grands paquebots tout en illustre l’Odyssée. Les plaisirs du bain sont une ode à la douceur de vivre en Méditerranée, que viennent compléter les fragrances du jardin gardés par des alignements de cyprès.
Pour finir, nous allons saluer une autre légende qui brille au firmament du patrimoine Belle Époque : l’Hôtel de Paris Monte Carlo dont le hall d’entrée tout en marbre, stucs, miroirs et cristal affiche l’opulence d’un palais. Si cette ambiance quelque peu intimidante ne freinait pas les ardeurs, nous esquisserions quelques pas de danse sous le dôme lumineux qui scintille d’or, en grande tenue pour accueillir bals et rendez-vous mondains.
A une lettre près, la Riviera contient quatre des cinq lettres du verbe rêver…
■ Mélinda M.