A 2h30 de Paris, nous faisons étape sur les bords de Loire à Cheverny, célèbre pour son château qui a traversé le temps, avec la particularité d’avoir toujours été habité. Resté dans la même famille depuis plus de six siècles, il incarne un patrimoine à la fois ancestral et collectif.
Ses propriétaires furent les premiers à ouvrir leur domaine au public en 1922, une idée alors tout à fait novatrice. Leur désir de partager cet héritage historique est intact, comme leur plaisir d’ouvrir le château dont Hergé s’est inspiré pour dessiner Moulinsart. Nous sommes subjugués par l’architecture Grand Siècle et les jardins à la française, et enchantés de marcher sur les traces de Tintin.
Après ce voyage dans le temps, nous posons nos valises non loin de là, aux Sources de Cheverny. Le complexe hôtelier inscrit en pleine nature est bucolique, le dépaysement immédiat. Des vélos sont à disposition à l’entrée pour circuler dans le domaine, ou bien s’aventurer au-delà de son périmètre, entre vignes et forêt.
Les chambres occupent différents lieux : le Château du Breuil, le Hameau du Marais, la Maison des Fleurs ou encore La Grange aux Abeilles, qui possèdent tous le charme d’une maison de campagne. Le mobilier chiné, les tissus nobles et l’agencement soigné nourrissent l’esprit d’une demeure de famille, où les générations successives expriment leur art de vivre. Parapluies et bottes en caoutchouc sont mis à disposition pour que chacun se sente libre de partir sur les chemins forestiers ou faire le tour du lac quel que soit le temps.
La piscine chauffée à 27 degrés bénéfice d’une exposition agréable tout en étant environnée de grands chênes. Le spa by Caudalie est un havre de paix. L’ambiance est conviviale, nous échangeons avec les autres clients, et ne nous formalisons pas du service trop long à L’Auberge.
Nous partons reposés après cette halte ligérienne.
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Nous roulons jusqu’à l’océan, pour faire escale sur l’île au large de La Rochelle. C’est une autre page d’histoire qui s’écrit ici : citadelle fortifiée par Vauban avec des remparts en forme d’étoile, Saint-Martin-de-Ré est un bastion du patrimoine rhétais. Autrefois port de commerce très actif, il abrite aujourd’hui les bateaux de plaisance et les nombreuses terrasses de ce petit St Tropez océanique.
Les quais qui bordent le bassin à flot alignent les façades des maisons d’armateurs. Parmi elles, celle de l’Hôtel de Toiras, qui se distingue par son élégante tour de guet. L’établissement cinq étoiles porte le nom du maréchal qui défendit l’île des Anglais au XVIIe siècle. Les propriétaires actuels ont tenu à rendre hommage à différentes figures du passé en lien avec la mer et le voyage.
On est accueilli avec douceur et attention, comme si l’on revenait au bercail après une navigation au long cours. Le premier réflexe de ma fille quand nous franchissons le seuil de l’hôtel est de se déchausser, comme nous le faisons à la maison. Cela a provoqué le rire général, mais était révélateur du sentiment d’être chez soi qui nous a gagnés immédiatement et ne nous a pas quittés jusqu’au départ. Nous avons eu le plaisir de faire la connaissance de la directrice hors pair qui communique sa passion pour l’île et prodigue des recommandations bienvenues.
Les chambres et suites sont toutes différentes, ce qui peut paraitre de prime abord désuet, mais nous a finalement transportés dans un passé dont le charme est inaltéré. La cuisine du George’s est, elle, bien de son temps : tout est frais et délicieux. Le chef a fait ses armes dans un palace parisien et la terrasse sur le quai est magnifique. Nous nous baladons en vélo dans les marais salants, saluons les ânes dans les pâturages, longeons des plages sauvages et finissons par déguster des huîtres avec un appétit d’autant plus vif que le moment est venu de regagner le continent.
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Après le sel et la mer, nous abordons le bocage et le vignoble destiné depuis le XVème siècle à la production d’eau ardente. C’est le nom qui fut donné au breuvage obtenu par distillation, à des fins de conservation, procédé dont l’un des hauts-lieux est Cognac.
En plein centre nous attend un lieu d’exception : un ensemble de chais du XIXe siècle convertis en complexe hôtelier, le Chais Monnet. Le défi architectural a été relevé, soulignant l’héritage industriel et viticole, tout en diversifiant les propositions d’accueil, de la pause détente au séjour bien-être, jusqu’au séminaire.
Les chambres sont spacieuses et lumineuses, avec leur assemblage de bois et de textiles clairs qui pose le décor dans un style campagne chic. Celles du rez-de-chaussée permettent d’accéder facilement au spa, où les soins proposés sont vraiment exceptionnels. Le personnel est aimable, l’ambiance décontractée. La piscine extérieure a pour toile de fond la spectaculaire façade habillée de vrilles d’acier dont la teinte rouille comme les formes évoquent les ceps de vigne. Côté table, nous avons le choix entre le restaurant étoilé Les Foudres (du nom des énormes tonneaux dans lesquels on stocke le cognac) et la brasserie La Distillerie. Nous testons cette dernière, correcte mais sans plus. Le bar propose de la musique live et un large éventail de cognacs à déguster. Il se double à la belle saison d’un roof top, qui accueille un DJ le week-end et constitue un spot de l’été très apprécié des locaux comme des visiteurs. Partiellement végétalisée et couverte d’une impressionnante résille d’acier, cette terrasse sur les toits offre une vue sur tout le site industriel revisité et, au-delà.
Notre escapade s’achève à l’heure où le soleil couchant embrase les jolis toits de la cité charentaise.
■ Céline A.