Une heure de vol me sépare de la Cité des Anges et déjà Ranong m’accueille sous un ciel bleu et un soleil éclatant… Pourtant, à peine ses terres foulées, je m’apprête à la quitter pour naviguer en Mer d’Andaman et rejoindre sa ville voisine, Kawthaung, au Myanmar. Quinze minutes de navigation séparent seulement les deux postes frontières mais le paysage qui se dessine devant moi semble si différent. Déjà, j’entraperçois des dizaines de stupas sertis tels des diamants sur ces terres côtières.

Alors que le poste d’immigration brandit fièrement le pavillon national, je me présente devant deux officiers aux regards solennels. Le clapotis de deux ventilateurs rouillés fixés sur les murs blancs décrépis accentue cette atmosphère officielle. Le visa estampillé sur mon passeport, je découvre brièvement une ville aux influences indiennes et musulmanes hors du temps.

Mon voyage se poursuit vers ma destination finale : l’archipel des Mergui. A bord d’un yacht, accueillie par un personnel en longyi traditionnel, je m’installe confortablement pour deux heures de navigation. Le regard posé, en direction de ces îles à la beauté vierge, croise plusieurs bateaux de pêche aux bras tentaculaires recouverts de lampes. La pêche aux calmars bat son plein, ici ; sur cette mer habitée par ses nomades de la Mer, les « Mokens ».

Le yacht contourne une dernière île. Enfin se dévoile à moi sur une plage de sable blanc longée par une eau bleu turquoise et une forêt primaire, mon escapade robinsonesque « Awei Pila ».

Steffen, le général Manager, m’accueille avec un cocktail de bienvenue. Je suis émerveillée par la beauté sauvage de l’île de Pila. La magie commence à opérer devant la vue splendide qu’offre ma yourte. Décoration raffinée, matériaux nobles, douche à ciel ouvert, mets délicats aux saveurs subtiles entre Asie et Occident, je fonds…

La magie se poursuit devant ce premier coucher de soleil alors que je marche sur cette plage corallienne peuplée de milliers de bernard-l’hermite… Je m’ébahis devant le ballet coloré et incessant des centaines de poissons qui occupent les eaux marines. Je m’extasie après une excursion en kayak qui me mène jusqu’à cette île peuplée de singes et d’oiseaux sauvages.

Au cœur de l’antre des Mergui, je succombe… Oui le paradis sur terre existe encore. Seule sur un bout de terre, je me reconnecte enfin !

■ Marie-Pierre T.