Cap sur les Baléares pour mon premier déplacement depuis la pandémie et un séjour de pure détente au Six Senses Ibiza.
Le complexe se situe dans la magnifique baie de Xarraca d’un bleu intense et aux eaux cristallines. La piscine à débordement qui prolonge l’immense terrasse semble amener la mer jusqu’à nos pieds. On est immédiatement tenté d’abandonner ses chaussures et de se glisser dans une tenue bohème.
L’établissement propose 116 chambres, et quelques résidences. Chacun choisira soigneusement selon son envie de calme ou de vibes… Certaines chambres plongent sur l’océan, la Junior Suite Sea View offre même le luxe d’un rooftop avec vue panoramique.
La décoration est gaie et mets tout suite de bonne humeur : un gros tracteur rouge et des paniers de fruits et légumes frais apportent une touche champêtre. Les « échoppes » de charcuterie, fromage, pâtisserie… où l’on vient se servir au petit déjeuner créent une ambiance conviviale et festive.
Je file au spa trouver mon bonheur dans l’espace de 1200 mètres carrés dédié au bien-être. L’équipe m’accueille pour me proposer une palette de soins, une cure de detox ou remise en forme. J’opte pour le hammam et prolonge le voyage immobile dans la salle de détente qui forme un cocon à la lumière tamisé.
Ayant fait le plein d’énergie, je pars explorer les “Beach Dens”, version hédoniste nocturne de l’expérience Ibiza. Inscrits dans la roche au niveau de la mer, ces espaces quasi troglodytiques abritent un restaurant et un lounge bar largement ouvert sur le rivage.
Je me prends à suivre la course du soleil, en attendant que la musique arrive avec la nuit et les étoiles. Demain peut-être une sortie en paddle, un plongeon depuis les rochers ou une séance de yoga. Demain peut attendre…
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Je quitte l’aéroport de Madrid, direction le Parc Naturel de la Sierra de Andujar. Deux heures de route au milieu de paysages de plaine, sans charme. Je suis sceptique et me demande si le déplacement en vaut vraiment la peine. Il me tarde de retrouver du relief, et les hectares de nature sauvage promis par la Nava del Barranco.
Après la monotonie de l’autoroute, je m’anime lorsqu’on s’engage sur la piste qui amène à l’entrée de la réserve. Je cherche des yeux la beauté des paysages, ici plutôt discrète, avec ses collines couvertes de taillis et d’oliveraies.
Arrivée devant la villa, je ne ressens pas l’émerveillement attendu. Je suis accueillie par un personnel en uniforme suranné, tabliers et bas blancs, robes à fleurs.
Dépaysement garanti, voilà que je souris…
La décoration ne manque pas de charme et… le charme agit. On est ici dans une maison de famille et ça se sent. Pas de télé ni de mini bar dans les 14 chambres confortables, un grand salon avec quatre espaces indépendants, une bibliothèque, ravissante, une salle de projection avec piano, une salle de billard au sous-sol et un petit spa : les lieux sont agréables, la décoration raffinée et de bon goût mais sans luxe ostentatoire.
Les propriétaires sont de grands amateurs de gibier et les trophées s’alignent sur les murs aux côtés des photos de parties de chasse.
L’animal rare que chacun espère voir ici, c’est le lynx ibérique, à la robe tachetée. Je n’ai pas eu cette chance cette fois-ci mais garde un souvenir ému de notre safari en jeep pour observer cerfs et mouflons et du magnifique apéritif préparé en pleine nature au coucher de soleil.
Quad, tennis, équitation, randonnée : l’immersion en pleine nature opère tant et si bien que l’on oublie la proximité de la civilisation.
Mais il est l’heure de passer à table. Le couvert est magnifiquement dressé, le service en gants blancs parfaitement orchestré. La présentation des assiettes n’est pas toujours à la hauteur de la saveur des plats, délicieux. En saison, le chef propose du petit gibier. J’essaie de me souvenir du goût de la perdrix…
Je quitte la villa avec la sensation d’avoir remonté le temps et pu imaginer l’ambiance d’un pavillon de chasse. La piste d’atterrissage et l’héliport me confirment que certains amateurs viennent chercher ici la convivialité en toute discrétion.
Une adresse et une expérience définitivement atypiques à partager en famille et entre amis.
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Madrid. Les derniers visiteurs sortent du Musée Thyssen-Bornemisza. Je rejoins le Mandarin Oriental Ritz situé dans un juste en face. Je suis ravie d’être de retour dans le quartier du Retiro. Le parc et le Prado ne sont pas loin et je prévois d’aller saluer Zurbaran et Velazqez demain.
Pour l’heure je découvre le grand édifice Belle Époque construit par César Ritz pour y ouvrir, après Paris et Londres, le troisième établissement à son nom. Il deviendra vite la référence ultime dans l’hôtellerie de luxe de la Péninsule Ibérique.
Désormais sous l’égide Mandarin Oriental, l’hôtel vient d’être rénové par l’architecte Rafael de La-Hoz et l’agence Gilles & Boissier. L’équilibre entre design contemporain et décor classique m’impressionnent.
Le bar, avec sa collection de portraits photographiques dans le style des peintures du Siècle d’Or, est somptueux. Les espaces dédiés à la restauration, déclinés dans un camaïeu de blanc, gris et or, sont tout aussi soignés. Entre le jardin d’hiver avec sa sublime verrière et le Deessa, qui s’est vu décerner une étoile Michelin l’an dernier, les tentations sont multiples. La terrasse arborée et agréablement fleurie est charmante.
Mais ce soir je vais dîner au Botin, plus vieux restaurant du monde et véritable institution madrilène. La cuisine traditionnelle n’a pas pris une ride dans cette taverne où le cochon de lait fait oublier la nouvelle cuisine. On est ici bien loin du luxe feutré du Mandarin, mais les contrastes font le sel des voyages…
■ Marie-Louise N.